Je marche vers toi, je marche vers moi ; les sentiers de ma délivrance sont plus chaotiques à chaque pensée. Et le chemin continue dans le désert, ce désert avide de solitude dont ma seule présence semble rompre le fragile équilibre ; sable du temps, sable de feu souillé par mon impertinente quête. Les vagues de dunes déferlent sous mes pas maladroits, de doux vents violents assèchent ma soif du vide et je reste immobile sur les sables mouvants. Il n'y a plus d'horizon, le ciel devient d'une limpidité désespérante, ici, souffle l'esprit du pire des paradis ; de temps en temps passent des caravanes, silhouettes fantomatiques de mes fantasmes, et à chaque fois éclate dans ma tête la même requête, prends ma liberté ! Mais dans ce désert, tu n'es pas là, aucun grain de sable ne porte en lui la mémoire de ton empreinte ; alors, dans mon errance, il me semble que je te précède mais, comme ma vie, ma route n'a plus de sens. Je laisse, ici et là, pour te prévenir des gouttes de sel au goût de larme, sincères signatures et je reprends la piste que mon esprit déroule comme un tapis de certitude ; parfois, je me crée des mirages, alors de vertes oasis jaillissent du néant mais l'eau qui y dort n'a pas le reflet de tes yeux, l'odeur de ta tendresse or ma soif se nourrit de toi, prends ma liberté ! Mais toi marches-tu déjà ? As-tu en toi la conscience de mon existence ? Nous avons en commun de ne pas nous connaître ; un jour de chaque coté de la rive notre innéisme nous unira et un fleuve d'amour irriguera la sécheresse de nos vies. Je souhaitais conquérir ce désert et, au sommet de ma dune, il me semble seulement le subir mais c'est ici que je dois souffrir ton absence, libérer ta présence. J'entends parfois le murmure de ta source, fugace, fragile, et, dans mon cœur ces quelques gouttes de fraîcheur font déborder le vase de mon âme et je crains de ne jamais te rencontrer.

Je t'en prie, qui que tu sois, sois ! Dessines toi aux formes du bonheur, aux couleurs de ta passion, aux saveurs de tes défauts ! Existes toi, franchis tes barrières, crèves tes espoirs et consents par faiblesse à être forte pour moi, prends ma liberté ! Prends ma liberté comme une offrande inaltérée qui se meurt de ne point vivre encore entre tes mains ; dévores ma solitude comme je me gaverais de la tienne, tues moi d'amour pour me faire naître meilleur.

Tu sais, maintenant, je t'aperçois au loin, petit point noir à l'armure de foi. Que se taise le silence, il ne faut pas effaroucher l'alouette destin et je sème sur le sable d'autres grains de sable pour que perdurent ces instants et s'enlise le désespoir. Il est temps que je te parle pour ne rien te dire, la parole des hommes est des maladies la pire ; alors du bout de nos cœurs, ta main dans la mienne, laissons s'enchevêtrer les notes magiques d'une musique aux autres inaudibles. Prends ma liberté !

Tu m'as envahi sans un cri, je me suis insinué en toi sans un mot, ne faisons qu'un, riches de nos différences et nous serons, toi et moi, des millions enfin condamnés à s'aimer. Tu sais, t'écrire est sûrement ridicule mais je te sens si proche que mon esprit a vibré. Je t'espère comme les déserts nés d'océans immenses aux larmes asséchées de tant d'amour.